Pour une réforme juste de la fiscalité du patrimoine

Publié le 12/03/2011

Il y a longtemps que, dans ces colonnes, nous appelons de nos vœux une réforme de notre fiscalité. Aujourd’hui, force est de constater que la crise a joué un rôle de catalyseur. Car avec elle, la hausse des impôts est devenue inéluctable et la réforme fiscale urgente.
C’est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy a récemment annoncé son intention de réformer la fiscalité du patrimoine, projet imposé par la suppression nécessaire du bouclier fiscal. Autant celui-ci était vertueux en période de stabilité de la pression fiscale, autant il devenait intolérable à l’aube d’une période de hausse des impôts. Rendu progressivement poreux au fil des mois, l’annonce de sa disparition était dans l’air du temps.
Dès lors, une kyrielle de propositions ont surgi : réforme ou suppression de l’ISF, création d’une taxe sur le patrimoine, imposition de la plus-value sur la résidence principale, création d’une tranche marginale à l’impôt sur le revenu… L’annonce du Président a ouvert une boîte de Pandore d’où ont jailli divers projets sans aucune réflexion globale. Certes, ce projet de réforme de la fiscalité sur le patrimoine arrive au plus mauvais moment. A douze mois d’élections majeures pour le pays, il est à craindre qu’il ressemble plus à une réformette qu’à un ensemble cohérent et intelligible visant à remettre sur pied une législation à bout de souffle. Et c’est bien dommage ! Car devant l’ampleur de la tâche, une telle réforme suppose du sens et de la méthode.

Du sens, car avant même d’égrainer des propositions, il conviendrait de rappeler qu’un système fiscal moderne doit certes reposer sur des principes (efficacité, équité et lisibilité), mais aussi sur les valeurs qui sous tendent la société dans laquelle nous vivons (le mérite, la valorisation du travail, l’égalité des chances). De la méthode, en rappelant à la fois le niveau élevé de notre pression fiscale et le fait que la structure de nos prélèvements est peu favorable à la croissance et à l’emploi. Autant d’éléments qui militent pour une réforme globale de la fiscalité qui ne peut se concevoir sans une remise à plat des dépenses publiques, c’est à dire une réorientation des dépenses sociales qui pèsent trop sur le travail, donc l’emploi. Pour parler court, c’est une réforme des prélèvements obligatoires auxquels il faudrait s’atteler. Un programme aussi vaste qu’urgent.

Article rédigé par Philippe Bruneau, membre du Cercle des fiscalistes

Source : Article paru dans “Le Monde Argent” du 12/03/2011

  • Partager
Pour aller plus loin :
Projets de réformes fiscales

Taxe sur les holdings : “Dans quelques années, l’État devra-t-il rembourser ?”

La taxe sur les holdings figurant dans le PLF 2026 est difficilement compatible avec les exigences constitutionnelles et avec celles du droit de l’UE, pointent Philippe Bruneau, président du Cercle des fiscalistes, Jean-Yves Mercier et Jérôme Turot, vice-présidents de ce think-tank.

Projets de réformes fiscales

La taxe Zucman apparaît inconstitutionnelle – interview de P. Bruneau Agefi Actifs

Alors que la France cherche encore son gouvernement, le président du Cercle des fiscalistes se prononce sur la politique fiscale menée. Si tout n’est pas à jeter, il appelle tout de même à une réforme du régime successoral jugé suranné.

Projets de réformes fiscales

Taxe Zucman : « La menace d’un renforcement de l’imposition pousse nombre de patrimoines à envisager un départ »

La discussion sur la plus forte taxation du patrimoine est en train de préparer une vague d’expatriation, préviennent, dans une tribune, Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier, du Cercle des fiscalistes. Lesquels pointent aussi les failles du raisonnement des promoteurs de ces impôts.


Replay du Webinaire du 2 Octobre disponible !

Le 2 octobre, les membres du Cercle des fiscalistes Frédéric Valentin et Olivier Janoray ont animé un webinaire pour décrypter les évolutions récentes du concept de résidence fiscale en mutation.
DÉCOUVREZ LE REPLAY