Comment protéger son épargne face au durcissement de la fiscalité ?

Publié le 10/03/2012

Par Jean-Yves Mercier, avocat associé, CMS Bureau Francis Lefebvre, membre du Cercle des fiscalistes.
La liste des aggravations apportées à la fiscalité de l’épargne au cours des deux dernières années est impressionnante : plus-values sur titres devenues imposables quelle que soit l’importance des cessions réalisées dans l’année, plus-values immobilières devenues imposables avant l’achèvement d’un délai de détention allongé de 15 à 30 ans, taux des prélèvements sociaux sur intérêts, dividendes et plus-values porté de 12,1% à 15,5%, soumission à ces prélèvements des intérêts servis sur les fonds euros des contrats d’assurance-vie multi-supports, taux du prélèvement forfaitaire libératoire sur les intérêts porté de 19 % à 24 %, pour ne citer que les plus marquantes. Et ce n’est encore rien par rapport à celles qui se profilent pour les mois à venir. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle propose tout bonnement de soumettre au barème progressif de l’impôt sur le revenu l’ensemble des produits annuels de l’épargne, de même que  les plus-values mobilières et immobilières, et entend retirer aux actionnaires le bénéfice de l’abattement de 40 % qui s’applique aux dividendes.
Plutôt que de subir passivement cette situation, l’épargnant peut chercher son salut en plaçant son épargne sous le régime fiscal applicable aux entreprises. Comment ? En utilisant l’enveloppe d’une société civile qui optera pour l’assujettissement de son résultat à l’impôt sur les sociétés.

Cette formule a pour premier attrait de plafonner l’imposition des revenus et des plus-values à 15 % sur la tranche du bénéfice annuel qui n’excède pas 38 120 euros. Sur la fraction excédentaire s’applique le taux de 33 1/3 %. Mais c’est dans les deux situations la seule imposition encourue : pas de prélèvements sociaux. Son second mérite est de permettre de jouer sur l’effet de levier de l’emprunt. Sous le régime de l’IS, le résultat est déterminé sous déduction de l’ensemble des charges, y compris les intérêts des emprunts contractés pour l’acquisition des éléments d’actif. Il est donc parfaitement concevable de financer partiellement sur fonds d’emprunt un portefeuille d’obligations de manière telle que les intérêts produits égalisent l’amortissement du capital emprunté et la charge des frais financiers, l’impôt ne frappant alors que le bénéfice correspondant à l’amortissement du capital.

La formation de la société par apport des titres que son fondateur détenait jusqu’alors dans son patrimoine privé n’entraîne pas de coût fiscal car l’apport s’effectue en toute neutralité fiscale.
La récupération par l’associé des bénéfices dégagés par la société de portefeuille suivra le rythme que l’intéressé déterminera librement eu égard au montant de ses autres revenus. Pouvoir moduler le revenu que l’on souhaite soumettre aux impositions personnelles- voire  adopter la capitalisation intégrale- représente un avantage considérable.
Les titres de la structure créée pourront faire l’objet, au moment choisi par l’associé, d’une donation en pleine propriété, en nue-propriété ou en usufruit, sans entraîner d’autres coûts fiscaux que le paiement des droits de donation.

En comparant sur plusieurs décennies l’évolution des régimes fiscaux respectivement applicables aux particuliers et aux entreprises, on constate que celles-ci ont généralement été mieux protégées que les premiers contre les orages résultant de l’alternance politique. C’est donc avec une certaine confiance que les épargnants pourront méditer sur les mérites de la société soumise à l’impôt sur les sociétés.

Source: Article paru dans « Investir » du 10 mars

  • Partager
Pour aller plus loin :
Impôt sur le revenu / Plus-Values

Deux poids, deux mesures

Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.

Impôt sur le revenu / Plus-Values

Surimposition des super dividendes : pas d’effet utile au-delà de l’annonce, selon le cercle des fiscalistes

« L’attachement politique pour cette mesure emblématique est inversement proportionnel à la portée pratique que comporterait sa mise en œuvre », analysent Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier.
L’Assemblée nationale avait adopté, contre l’avis du gouvernement, le relèvement de 5 points de la flat tax…

Impôt sur le revenu / Plus-Values

Crypto-monnaies et fiscalité : comment ça marche ?

Les crypto-monnaies, pour n’évoquer que ces dernières dans le monde des actifs numériques, sont en train de devenir une classe d’actifs quasi à part entière qui occupe les discussions dans les dîners en ville tout en se faisant une part belle sur les réseaux sociaux. Sa démocratisation n’est plus un secret compte tenu de son écho dans les médias et ce malgré une nouvelle chute de près de 50 % du Bitcoin sur les 6 derniers mois. Voyons quelle est la fiscalité qui s’y applique.


Événement du Cercle des fiscalistes

Nouvelle édition des "Rencontres de la Fiscalité" arrive le 27 Juin !