Les surprises de la réforme fiscale

Publié le 29/06/2011

Dans son projet de réforme de la fiscalité du patrimoine, le gouvernement a décidé d’augmenter la contribution des non-résidents aux charges de la collectivité. C’est dans cette optique qu’il souhaite taxer les étrangers installés en France mais aussi les nationaux français partis s’établir à l’étranger.
Dans le premier cas, le gouvernement envisage de créer une taxe spéciale de 20% sur la valeur cadastrale des résidences secondaires détenues par des non-résidents en France. Fort heureusement, les nationaux français expatriés pouvant justifier qu’ils ont résidé au moins trois ans en France dans les dix ans précédant leur expatriation seront temporairement exonérés. En outre, le projet de loi entend s’attaquer aux montages initiés par des non-résidents visant à réduire leur ISF sur les biens immobiliers qu’ils détiennent en France. Ces biens sont souvent détenus par des sociétés civiles ayant un capital faible et un compte courant important. Et à ce jour, c’est la valeur nette des parts qui est retenue pour l’évaluation au titre de l’ISF. A partir de 2012, l’évaluation se fera sans tenir compte du passif de la société.
Le second cas constitue la mesure la plus emblématique du projet. Elle vise à réintroduire en France une « exit tax » proche de celle qui a déjà été sanctionnée en 2004 par la CJCE, et dont le but est de taxer les français qui ont pourtant légalement quitté la France. Pour ce faire, le législateur propose un texte de 40 alinéas, une usine à gaz totalement incompréhensible et difficilement applicable. A partir du 3 mars 2011, la plus-value sur titres constatée lors du transfert de domicile fiscal hors de France, et dès lors que ces titres représentent plus de 1 % du capital ou 1,3 million d’euros, sera soumise à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (31,3%) si ils sont cédés dans les huit ans suivant la sortie du territoire national.
Le cumul des deux mesures visant directement les non-résidents aura pour conséquence un alourdissement significatif de leur imposition en France. Quant à l’ « exit tax », elle n’a aucune chance de survie à moyen terme. Contraire au droit communautaire comme aux conventions fiscales signées par la France avec de nombreux pays, elle passera sous les fourches caudines du Conseil d’Etat ou de la CJCE. Son seul intérêt est de gagner du temps en attendant l’inévitable sentence.
Directeur Clientèle Privée et Entreprises
Banque Neuflize OBC

Président Fondateur du Cercle des fiscalistes

Source : Article paru dans « Le Monde » du 29 juin 2011

  • Partager
Pour aller plus loin :
Projets de réformes fiscales

L’ISF climatique serait catastrophique pour les jeunes actifs comme pour les entreprises

ans un rapport remis au gouvernement, un économiste préconise de financer la transition écologique par un impôt temporaire sur le modèle de l’ISF. Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier analysent les conséquences d’une telle mesure.

Projets de réformes fiscales

Fiscalité : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent »

Les fiscalistes Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier examinent, dans une tribune au « Monde », une série de propositions en matière fiscale faites par les candidats à l’élection présidentielle et constatent que leur faisabilité juridique se heurte aux règles constitutionnelles françaises.

Projets de réformes fiscales

Doper le pouvoir d’achat des Français par une baisse de la CSG

La baisse doit s’accompagner d’une augmentation du temps passé à travailler. De l’effort des actifs dépend la création de richesses supplémentaires qui fourniront aux intéressés des revenus complémentaires, accroîtront les recettes budgétaires liées à la vente de davantage de biens et services, et serviront à financer la baisse des prélèvements qui frappent les revenus de tout un chacun.


Webinaire du Cercle des fiscalistes

"Impôt sur la fortune immobilière" (IFI)

Le jeudi 25 Avril, le Cercle organise son premier webinaire

 

INSCRIPTION