Source : Challenges du 8 octobre 2015
Les services fiscaux ont l’habitude de liquider les dossiers en cours à la fin du mois de juillet, avant les départs en vacances, ou fin décembre, pour éviter l’application d’une prescription éventuelle.
Cela se matérialise par l’envoi d’un pli recommandé contenant une proposition de redressement fiscal. Le contribuable dispose alors d’un délai de trente jours, éventuellement prorogeable sur demande écrite du contribuable, pour contester ce redressement. Hélas, au mois d’août ou en décembre, les familles sont fréquemment absentes de leur domicile : elles sont en vacances. Le pli recommandé est remis au gardien de l’immeuble, si celui-ci a reçu un pouvoir à cet effet auprès des services postaux. Une disposition de bon sens qui peut être catastrophique.
Car si les vacances ont duré trente jours, le délai de contestation est expiré. Et le contribuable est présumé avoir accepté la notification de redressement ! Aucune réclamation n’est plus possible, et le contribuable devra régler l’addition proposée.
Philosophie : il est préférable de faire suivre son courrier sur son lieu de vacances, ou ne pas quitter son domicile au-delà d’une quinzaine de jours ! Mieux vaudrait aussi modifier la loi pour donner soixante jours au contribuable pour répondre. Surtout quand on sait que l’administration, elle, a un délai de trois ans plus l’année en cours pour répondre au contribuable !. Cela serait une mesure de bon sens.
Le Fisc pourrait à terme scruter les publications sur les réseaux sociaux. Philippe Bruneau et Jean-Yves Mercier (le président et le vice-président du Cercle des fiscalistes) alertent sur cet espionnage par le fisc des comptes des usagers des réseaux sociaux dans la lutte contre la fraude fiscale dans leur article publié dans Le Figaro le 07/11/2022.
Un contribuable peut subir une double procédure fiscale et pénale et une double sanction, et n’est protégé contre ce cumul que par quelques faibles garanties. La CJUE vient de juger que le système français ne respecte pas le principe non bis in idem inscrit à l’article 50 de la charte des droits fondamentaux de l’UE, en vertu duquel nul ne peut être poursuivi ou puni en raison d’une infraction pour laquelle il a déjà été sanctionné.
Bercy, pressé par le gouvernement d’annoncer des chiffres avantageux en matière de lutte contre la fraude fiscale, multiplie les redressements en sachant pertinemment qu’une partie d’entre eux, injustifiés, seront annulés par les tribunaux bien des années plus tard.