Le projet de loi de finances pour 2009 prévoit que les avantages fiscaux procurés par les niches fiscales seront plafonnés à un double titre.
Dans un premier temps, il prévoit le plafonnement spécifique de trois niches emblématiques : l’activité de loueur en meublé professionnel, dont les conditions d’exigibilité seront plus contraignantes ; l’investissement en loi Malraux, dont la déduction du revenu imposable, très favorable aux hauts revenus, sera transformée en réduction d’impôt ; l’investissement DOM-TOM, dont l’avantage sera plafonné à 40 000 euros.
Ensuite, ces plafonnements se combineront avec un plafonnement global des niches selon lequel un contribuable ne pourra cumuler les réductions d’impôts au-delà de 25 000 euros plus 10 % de son revenu imposable. A la lecture de ce projet, quelques commentaires s’imposent.
D’une part, son impact budgétaire reste mineur. Alors que les niches fiscales « coûtent » à l’Etat environ 60 milliards d’euros par an, les gains attendus de cette réforme avoisineront au mieux 200 millions d’euros. Une paille !
D’autre part, le gouvernement est tiraillé entre deux attitudes difficilement conciliables. Economiquement, il a certes intérêt à orienter l’épargne des ménages les plus aisés vers des secteurs d’activité où elle n’irait pas sans carotte fiscale (DOM-TOM, monuments historiques, cinéma…) pour éviter d’avoir à les financer lui-même. Mais politiquement, il souhaite dissuader ces mêmes contribuables d’y avoir recours massivement pour des raisons de justice fiscale. Or, la réforme proposée remet radicalement en cause l’intérêt des 3 principales niches fiscales. Pour pallier le manque de capitaux qui ne s’investiront plus directement dans les monuments historiques ou les DOM-TOM, les caisses de l’Etat seront certainement mises à contribution. C’est pourquoi, quitte à vouloir plafonner les niches fiscales, il eut été plus pertinent de plafonner le gain fiscal plutôt que l’investissement réalisé.
En définitive, l’idéal eut été de recourir à un examen exhaustif des 400 niches fiscales et de se poser pour chacune d’elle la question de savoir si elles ont une utilité pour la collectivité. Si oui, on les conserve ; si non, on les supprime. Pas de demi-mesure. Au lieu de cela, le gouvernement a préféré une voie plus politique en les plafonnant sans distinction. Le résultat est un texte indigeste à l’efficacité douteuse. Le Conseil constitutionnel appréciera, lui qui en décembre 2005 a déjà eu l’occasion de déclarer le principe du plafonnement des niches fiscales comme contraire à la Constitution en raison de son « excessive complexité, qu’aucun motif d’intérêt général ne suffisait à justifier ».
Article paru dans « Le Monde » en décembre 2008
Depuis la nuit du 4 août et l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt demeure au cœur de notre vie publique. Selon les derniers travaux de l’Insee, avant transferts, les ménages aisés (10 % de la population) ont un revenu 18 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, contre 1 à 3 fois après transferts…
Une récente étude de l’Institut des politiques publiques nous apprend que les 0,1 % des Français les plus riches, les 378 foyers fiscaux versant les plus fortes contributions, seraient imposés sur leurs revenus au taux dérisoire de 2 %. Estimation surprenante, étant donné que le taux de l’impôt progressif culmine à 49 % dans la catégorie visée.
L’Assemblée Nationale a récemment adopté un amendement au projet de loi de finances pour 2023 visant à relever de 30 à 35% l’imposition des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils dépassent de 20% la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années et proviennent d’une société réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros.
Le Monde organise une toute nouvelle édition des Rencontres de l’Épargne le 12 Décembre prochain
Philippe Bruneau, Président du Cercle des Fiscalistes, interviendra lors de cette conférence tenue à Nice qui sera également disponible en Live.